Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’HÉRITIÈRE DE CREC’HGOURÉ.
________


I

 Cent écus d’or il m’a coûté
D’attendre ma maîtresse pour nous marier :

  Cent écus viennent, cent écus s’en vont,
Cent écus d’or ce n’est rien ;

  Cent écus d’or ce n’est rien,
À un jeune homme pour mener joyeuse vie.

  Quand j’allais à l’étude et à l’école,
Je saluais ma douce sur le seuil de sa porte ;

  Je la saluais de loin :
— Bonjour, ma douce demoiselle ;

  Je vous salue de loin,
Si j’étais près de vous, je ferais mieux !

  — Descendez, Kloarec, venez dans la maison,
Pour me parler de vos études. —

  Je ne descendrai ni n’entrerai dans la maison,
Ni ne vous parlerai de mes études ;

  Mais je vais à Tréguier,
Pour recevoir mes derniers Ordres. —

  — Descendez, Kloarec, venez dans la maison,
Et parlez-moi de vos études. —

  — S’il vous faut des nouvelles de mes études,
Je vous en conterai tout-à-l’heure :

  Dix-huit tailleurs sont dans ma maison,
Occupés à me faire des habits neufs ;

  À me faire des habits de satin gris,
Pour aller à l’étude à Paris. —

  — Mon doux Kloarec, dites-moi,
Pourquoi allez-vous à l’étude :

  Pourquoi allez-vous à l’étude,
Si vous avez dans l’esprit de vous marier ;

  De vous marier et prendre femme,
Vous moquez-vous donc de moi ? —

  — Je ne me moque pas de vous,
Ni ne voudrais le faire ;

  Je ne voudrais pas le faire,
Ni me trouver où on le ferait :