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LA MARQUISE DÉGANGÉ.[1]
PREMIÈRE VERSION.
________


I

  S’il vous plaît, vous écouterez
Un gwerz nouvellement composé,
Un gwerz rempli de pitié,
Fait à la marquise Dégangé.

  Elle était fille du duc de Rohan,
Et il n’y avait qu’elle (d’enfant) ;
Elle était penhérès, puisqu’il n’y avait pas d’autre enfant,
Héritière de tous ses biens.

  Ses parents décidèrent
Qu’il fallait l’instruire,
Dans la cadence et l’académie, [1][2]
Pour pouvoir parler avec un chacun ;

  Dans l’académie et la cadence,
Pour discourir avec la noblesse,
Entre douze et treize ans,
On conclut à Rohan

  De la mariera un marquis puissant,
Le marquis d’I, un homme vaillant ;
La marier au marquis d’I,
Son amour et toute son espérance.

  Trois mois entiers ont duré
Les solennités de la noce,
Les musiciens, le bal, la danse,
Des visites tous les jours à la noblesse.

  Quand les trois mois furent finis,
La guerre a été déclarée,
Si bien que le marquis est obligé de se rendre à l’armée,
Hélas! sa charge l’exigeait.

  Les deux armées se rencontrent,
Et un combat s’élève entr'elles :
Les deux ennemis sont aux prises,
Mais hélas ! ils tombent dans l’eau !....

  1. (1) Je laisse ce nom tel que le prononcent nos chanteurs populaires, n’étant pas bien sûr de la manière dont il faudrait l’écrire, quoique je le soupçonne fort d’être une altération pour Du Gage (Du Cieux du Gage). — Souvent nos paysans désignent aussi cette ballade sous le titre de Gwerz Santa Radegonda. Ils ont fait une sainte de l’infortunée marquise.
  2. (1) Ces mots cadence et académie, employés par un paysan illettré qui n’en connaissait saus doute pas la signification, doivent s’entendrt dans le sens de les belles manières, les manières de la cour.