Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/545

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— Mon pauvre mari, cela n’est pas convenable,
Mais puisque vous dites, ce sera fait. —

  Entre son cœur et sa tête,
Elle a reçu sept coups de coutelas :
A chaque coup qu’il frappait,
Sa femme lui demandait :

  — Mon mari, dites-moi,
Pourquoi me coutelassez-vous ainsi ?
Pourquoi me coutelassez-vous ainsi ?
Je sens la mort de votre part ! —

  Ce qui le mettait le plus en colère,
C’est qu’il ne pouvait pas la tuer ;
Il la prit alors par les cheveux,
Et la jeta hors de la chambre de la tourelle.

  Quand elle fut tombée à terre,
Son beau-frère le prêtre arriva ;
Son beau-frère le prêtre arriva,
Et lui parla de la sorte :

  — Bonjour à vous, ma chère belle-sœur,
C’est moi qui suis cause que vous perdez la vie !
J’ai damné mon âme,
Et j’ai sauvé la vôtre ! —

Quand le jeune Marquis apprit
Qu’il avait tué sa femme injustement,
Il alla, cela est bien certain,
Faire pénitence le reste de sa vie ! [1][1]


Chanté par une femme, dans l’ile de Batz
Au mois d’octobre, 1854.




VARIANTE.


En ce temps-là, les nouvelles accouchées restaient trois mois
Sans se présenter à l’église.


ce qui ferait supposer ou que le poëte n’était pas contemporain de l’événement qu’il raconte, ou que c’est une interpolation introduite par les chanteurs.

J’ai voulu essayer de faire une traduction rigoureusement littérale, un mot-a-mot absolu de cette variante, afin de donner au lecteur, autant que cela est possible, une idée de quelques inversions et particularités propres à notre langue. Cela pourra présenter quelque intérêt aux personnes qui étudient le breton armoricain au point de vue de la grammaire et de la philologie.

  1. (1) Variante :

    Je vais maintenant à la rivière du Jourdain.
    Pour y faire pénitence ;
    Je vais faire pénitence
    Là où personne ne me verra jamais !