Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/95

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   Et nos coups d’épée retentissaient,
Comme les coups de masse sur l’enclume,
Et fracassaient les cranes des hommes de la mer,
Comme des huîtres entr’ouvertes !

   Pendant que dura le combat,
Les corbeaux voltigeaient sur nos têtes ;
Et quand ce fut fini, en croassant,
Ils s’abattirent pour le festin !

______Aiguisons nos épées,
____Sur le haut des montagnes,
____Pour aller aux combats !


Tiré de la collection de M. J.-M. de PENGUERN.


en intérêt et en valeur. Mais, pour le bien des études bretonnes, qui commencent enfin à prendre faveur dans le monde savant, j’ai cru devoir suivre une autre marche. J’ai dit à M. Du Cleuziou : « Je désire publier ma collection à part ; c’est le résultat de mes recherches depuis vingt-trois ans ; presque tout a été recueilli ou par moi-même, ou par ma sœur, qui m’a beaucoup aidé dans ce travail, souvent assez ingrat[1] ; je suis là sur un terrain connu ; je puis désigner les localités et les personnes, dont je retrouverais encore le plus grand nombre, au besoin. Si ma collection est inférieure à celle de M. de Penguern, en chants anciens, elle a aussi sa valeur très-réelle, et je puis au moins dire avec le poête :

« Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre. »

« La collection de M. de Penguern sera, à son tour, l’objet d’une publication spéciale, et de la sorte nous aurons trois textes différents, le Barzaz-Breiz, le recueil de M. de Penguern et le mien, qui pourront fournir à la critique tous les éléments et les conditions désirables pour une étude comparée. De cette confrontation des textes jailliront sans doute des lumières inattendues, sortiront des résultats précis et arrêtés ; la critique et l’histoire y trouveront également leur profit, et la vérité, qui doit être l’objet constant et désintéressé de nos recherches et de nos etudes, s’en dégagera peut-être sous un jour nouveau mais non moins éclatant. Enfin, pour rendre le contrôle facile et mettre notre conscience d’éditeurs à l’abri de tout soupçon fâcheux, une fois les publications terminées, je propose de déposer les manuscrits, les miens comme ceux de M. de Penguern, dans une bibliothèque publique, à Paris ou à Saint Brieuc, où chacun pourra les consulter a loisir. »

Donc le chant ar Bleizdi-mor sera le seul emprunt que je ferai pour cette publication à la collection de M. de Penguern, que je n’ai jamais vue, et dont je ne parle que sur oui-dire, et c’est en grande partie pour trouver l’occasion de faire cette déclaration, que j’ai cru devoir publier ce beau gwerz.

Lorient, 6 février 1868.
  1. (1) Je ne dois pas non plus oublier les obligations que j’ai à mon compatriote et ami J -M. Le Jean.