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  Alors elle leva sa main en l’air,
Et frappa son fils, de toute la force de son bras ;

  Et elle frappa son fils aussi cruellement,
Qu’elle eût frappé un morceau de bois.

  Quand Alliette descendait (de la chambre),
Le sang bruissait dans ses chaussures ;

  Et, après s’être lavée,
Elle dit à son valet d’écurie :

  — Va chercher un prêtre au seigneur, qui est malade,
Je crois qu’il est à son heure dernière ;

  Si tu vois le seigneur de Kermenguy,
Ne lui dis pas où tu iras.

  Mais, comme il allait par le chemin,
Il vit le seigneur de Kermenguy.

  — Vous avez quelque chose de nouveau.
Puisque vous êtes si matin sur pied ?

  — Oui, dit-il, monseigneur est malade,
Je crois qu’il est à son heure dernière.

  — Que lui est-il arrivé ?
Hier dernier je l’ai vu ;

Nous avions été nous promener ensemble, hier.
Nous avions chassé ensemble, hier.

III

  Le seigneur de Kermenguy disait.
En arrivant au Boigelin :

  — Bonjour et joie dans ce château,
Le seigneur du Boisgelin où est-il :

  — Il est dans son lit, malade,
Je crois que c’est la lèpre qu’il a.

— Et quand il serait malade de la peste,
J’irai le voir sur le champ.

  Il n’était pas bien entré dans la chambre,
Qu’il vit qu’il était noyé dans son sang :

  — Alliette, je ferai vos compliments
Au plus beau veuf qui soit dans le pays ;