Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme craignant Dieu et charitable envers les pauvres.

Parmi les anges, il reconnut aussi son ami le jeune pâtre, et il voulut aller l’embrasser.

— Pas encore, lui dit le bon Dieu, en le retenant ; plus tard, tu viendras aussi habiter ma maison, et alors tu ne seras plus séparé de lui ; allons ailleurs, à présent.

Mais le jeune homme ne pouvait assez contempler et admirer toutes les belles choses qu’il voyait, et notre Sauveur fut obligé de le prendre par la main et de l’entraîner. Ils descendirent d’un étage, et le bon Dieu ayant ouvert une autre porte, il vit une autre salle ou jardin, qui n’était pas aussi beau que le premier, et pourtant il était bien plus beau qu’aucun autre qu’il eût jamais vu sur la terre. Là, il y avait aussi des gens de tout âge et de toute condition, se promenant et devisant, ou chantant les louanges de Dieu. Mais tous ils paraissaient un peu tristes et inquiets, et semblaient désirer quelque chose. Hélas ! c’était là le purgatoire, et ce qu’ils désiraient, c’était la vue de Dieu ! Il lui sembla y reconnaître plusieurs personnes, et entre autres le curé qui avait refusé d’enterrer le mari de la vieille qui lui avait donné l’hospitalité dans la forêt, parce que la pauvre femme n’avait pas d’argent. Il était mort depuis, car il y avait déjà longtemps que Pierre était dans le château :