Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bution, elle va en pèlerinage à toutes les fontaines de Basse-Bretagne dont l’eau est réputée pour quelque vertu salutaire, — car toute chapelle, chez nous, a son saint, saint national le plus souvent, venu d’Hibernie, au VIe ou VIIe siècle, et chaque saint a sa fontaine et sa spécialité pour la cure de quelque affliction physique ou morale. Ainsi, Marguerite est presque constamment sur les routes de Basse-Bretagne, dans toutes les directions, et partout où elle passe, elle écoute, elle interroge, s’enquiert des légendes, des chansons, des contes et autres traditions de chaque localité, et ne manque jamais une occasion d’augmenter son trésor poétique et merveilleux. Sa vie est des plus dures et des plus pénibles ; elle avait encore à sa charge, jusqu’à ces dernières années, un père octogénaire et infirme, et pourtant elle ne se plaint pas de son sort. Elle trouve sans doute de grandes consolations en chantant ses gwerziou tragiques, ses soniou amoureux, et en songeant aux merveilles et aux enchantements de ses contes de fées, dont elle ne désespère d’ailleurs pas de voir se réaliser un jour, en sa faveur, les merveilleuses promesses.

Aurons-nous un jour le recueil complet des contes merveilleux, des légendes et des récits de différente nature de notre Bretagne ? Je ne sais ; mais si trois ou quatre chercheurs résolus, comme M. Paul