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coucher du soleil. Il fallait voir les tas de belle toile qu’elle fit sur le gazon, au bord du ruisseau ! Il fallut une charrette, qu’on alla quérir au manoir voisin, pour la transporter à la maison, et il y en eut plusieurs charretées.

Le sabotier et sa femme se firent alors marchands de toile, et ils gagnèrent beaucoup d’argent et devinrent riches.


Non loin de la hutte du sabotier habitait une veuve riche, mais avare et dure envers le pauvre. Elle venait souvent à la hutte pour causer et passer le temps. Quand elle y arriva, le lendemain, selon son habitude, et qu’elle vit les tas de toile qui s’élevaient jusqu’au toit :

— Jésus mon Dieu ! s’écria-t-elle, d’où vient toute cette toile?

— Voici ce qui est arrivé, répondit la sabotière : nous avons logé dans notre hutte, la nuit dernière, trois seigneurs étrangers, et, quoi qu’ils aient fait mauvaise chère chez nous, comme bien vous pensez, avant de partir, un d’eux me parla ainsi : — « Pour vous remercier de votre hospitalité, ma brave femme, nous voulons faire quelque chose pour vous. Ainsi, la première chose que vous ferez, après notre départ, quoi que ce puisse être, vous resterez à la faire toute la journée jusqu’au coucher du soleil. » — Ils partirent là-dessus.