Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/73

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— Je pense que oui, répondit-elle.

— L’avez-vous goûtée ?

— Non.

— Eh bien ! mangez-en une cuillerée pour voir.

Et il présenta une cuillerée de soupe à la servante, qui avala la cuiller avec la soupe.

— Jésus, mon Dieu ! s’écria-t-elle, j’ai avalé la cuiller ! je ne sais comment cela est arrivé.

Et elle était toute honteuse.

— Bah ! peu importe ; donnez-moi une autre cuiller, dit notre Sauveur.

Le lendemain, de bonne heure, les trois voyageurs se remirent en route.

Quelque temps après que ceci s’était passé, la servante se trouva enceinte, et elle fut renvoyée de la ferme, comme une fille de mauvaise vie. Elle ne put trouver à se placer nulle part, vu l’état où elle était, et elle fut réduite à mendier de porte en porte. Quand on lui demandait qui était le père de son enfant, elle répondait toujours :

— Je ne sais pas ; c’est arrivé par la volonté de Dieu.

Quand son temps fut venu, elle accoucha, dans une étable, sur la paille. Elle donna le jour à un fils, un enfant superbe. Il fut baptisé, et on lui donna le nom de Philippe, parce qu’il naquit le jour de la fête de saint Philippe.