Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/87

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bœufs, et attachés sous le même joug ; ce qui fut fût aussitôt. La danse tourbillonnait toujours de plus belle, et le moine et la marâtre, avec leur joug, lancés à travers la foule, renversaient et blessaient beaucoup de monde, et l’on criait sur de tous côtés : — À mort ! à la potence ces méchants ! ces deux animaux sauvages !...

— Assez ! grâce ! grâce ! criaient le juge et l’abbé.

Enfin, après une heure de cette danse diabolique, Jannig cessa de souffler dans sa flûte, et tout s’arrêta, à l’instant. Les danseurs étaient en nage, et la sueur coulait le long de leurs membres, comme s’ils sortaient d’un étang. Jannig put se retirer tranquillement, sans que personne s’y opposât, et la marâtre et son ami le moine furent pendus, séance tenante.

Jannig resta à la maison avec son père, qui commençait à se faire vieux, et ils vécurent ensemble, heureux et estimés d’un chacun, dans le pays, car ils faisaient du bien à tout le monde, et bientôt il n’y eut plus de pauvres, à plusieurs lieues à la ronde.


Quelques-uns font finir le conte ici ; mais d’autres vont plus loin et racontent comment le