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— Allons-nous-en ! dit à l’archevêque le vieux roi, furieux et honteux à la fois.

Et ils partirent. Mais une partie du pont s’écroula soudain sous leurs yeux, et ils ne purent aller plus loin. L’archevêque dit au roi :

— C’est en vain, sire, que vous essayez de lutter contre cet homme, qui doit être un habile magicien, et je pense que ce que vous avez de mieux à faire, c’est de lui donner votre consentement pour qu’il épouse votre fille, d’autant plus qu’il peut très-bien s’en passer.

Le roi reconnut enfin la sagesse de ce conseil, et ils retournèrent tous les deux sur leurs pas, et firent leur paix avec Jannig. Le mariage de celui-ci avec la princesse fut alors célébré par l’archevêque, et il y eut, à cette occasion, des festins magnifiques, et des jeux et des réjouissances publiques, pendant un mois entier.

Le vieux roi mourut peu de temps après (les uns disent qu’il s’était trop amusé pendant les noces), et Jannig lui succéda sur le trône. On dit qu’il vécut heureux avec sa femme, qu’il eut plusieurs enfants, qui régnèrent après lui, et qu’il administra très-sagement le royaume.

Quand il mourut, comme il avait toujours vécu en honnête homme et qu’il n’avait jamais abusé ni du pouvoir ni des dons extraordinaires