Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/128

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nement. Prends mon cheval avec sa charge, puisqu’il est vrai que j’ai perdu.

— Et ton argent ? Ton argent m’appartient aussi.

— C’est vrai, mon argent est aussi à toi. Mais, mon frère, tu me laisseras bien, sans doute, quelque chose ? Car comment ferai-je pour vivre, si tu me prends tout ?

— Écoute, nous avons parié, et tu as perdu ; tu n’as donc qu’à payer, à présent ; je ne connais que ça.

Et il lui prit son cheval avec sa charge et tout l’argent qu’il avait. Puis, avant de partir, il lui dit :

— Tiens, voilà dix sous que je te donne, par pitié pour toi ; et, à présent, bonsoir, et tire-toi d’affaire comme tu pourras !

— Mais, mon frère, nous nous reverrons, sans doute ?

— Oui, retrouve-toi ici, sur le pont, dans un an et un jour, et tu verras quel homme je serai devenu.

Et Robert partit alors, emmenant les deux chevaux.

Le pauvre Ollivier pleura beaucoup, et, ne sachant que faire ni où aller, il se mit à regarder tristement l’eau passer sous le pont. Il resta longtemps ainsi, et ses larmes tombaient dans le fleuve. Mais, comme le soir avançait, il se décida