Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/136

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moi, et tu ne manqueras de rien pendant que tu vivras.

— Comment t’y es-tu donc pris pour devenir roi ?

— Ma foi ! c’est le diable qui m’a fait roi.

— Le diable !... Tu t’es donc vendu au diable ?

— Non, mon frère, je ne me suis pas vendu au diable ; sois tranquille à ce sujet. Voici ce qui est arrivé.

Et Ollivier lui conta de point en point comment les choses s’étaient passées.

— Je voudrais être roi aussi, comme toi, lui dit Robert ; et si ce n’est pas plus difficile que cela, j’irai, dès ce soir, m’enfermer dans le même coffre.

— À quoi bon, mon frère ? Viens avec moi, te dis-je, et tu ne manqueras de rien ; il est probable, d’ailleurs, que tu ne réussirais pas comme moi.

— Et pourquoi donc ne réussirais-je pas tout aussi bien que toi ? Je veux être roi aussi, te dis-je, et non pas valet à ta cour.

Il fut impossible à Ollivier de lui faire entendre raison, et il alla s’enfermer dans le coffre, dès que le soir fut venu. Il y était déjà depuis quelque temps, et commençait de s’impatienter et de craindre de manquer son coup, lorsqu’il entendit comme un grand bruit d’ailes, et les trois diables (car c’étaient des diables) descendirent encore sur le coffre.