Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/144

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finit, comme dans tous les repas de noces, par des chansons joyeuses. On se préoccupait peu du nouveau marié. Sa jeune femme, seule, était un peu triste et soucieuse. On dansa et on joua, à divers jeux en se levant de table, et, vers minuit, on conduisit la nouvelle mariée à la chambre nuptiale. Alan Kerglaz était un peu calmé et se disait mieux portant. Mais à peine Yvonne fut-elle couchée à ses côtés, que le pendu, dans l’état horrible que nous avons dit, vint encore se placer entre lui et elle. Il le voyait et le sentait, et faisait d’inutiles efforts pour le repousser. Il pleura toute la nuit, tourné vers la muraille. Yvonne avait beau l’interroger et lui demander quel pouvait être le sujet d’une pareille conduite, il ne lui répondait que pour l’assurer qu’elle y était tout à fait étrangère, et qu’il ne pouvait lui en dire davantage pour le moment. Au point du jour seulement, le pendu quitta le lit des nouveaux mariés, en disant à Alan Kerglaz :

« Tu m’as invité à ta noce, et j’y suis venu ; mais je veux te rendre ta politesse, et je t’invite à venir à ton tour, souper cher moi, ce soir. Trouve-toi, à minuit, dans le lieu où tu m’as fait ton invitation, et tu m’y reverras. Mais garde-toi de manquer au rendez-vous, ou malheur à toi, car je saurai bien te retrouver, en quelque lieu que tu te caches. À ce soir donc. »