Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/147

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dire, puis ne craignez rien, car vous vous tirerez heureusement de la redoutable épreuve qui vous effraie tant, et non sans raison. Allez jusqu’au lieu du rendez-vous, et je vous accompagnerai. Je me coucherai à vos pieds ; vous vous tiendrez derrière moi et, quoi que vous voyiez ou entendiez, ne vous effrayez de rien, l’esprit du mal n’aura aucun pouvoir sur vous ; il ne vous verra même pas.

Alan Kerglaz fut réconforté par ces paroles de l’enfant. Il s’avança alors sur la lande, vers le gibet du pendu, et l’enfant marchait devant lui. Il faisait clair de lune ; les hiboux et autres oiseaux de nuit miaulaient et criaient de tous côtés d’une façon sinistre, et le vent balançait le corps du pendu à sa potence. Minuit sonna au clocher du village. Alors l’enfant se coucha par terre, aux pieds de Kerglaz, et lui dit :

— Voici l’heure ! Agenouillez-vous derrière moi, parrain ; priez Dieu de vous être en aide, et ne vous effrayez ni ne vous inquiétez de rien : il ne vous arrivera pas de mal.

Alan se mit à genoux derrière l’enfant. Aussitôt il entendit un vacarme épouvantable, des aboiements, des hurlements, des glapissements, des cris de toute sorte, comme d’une meute enragée et fantastique. Puis une troupe innombrable de diables horribles envahit la lande, et le pendu, à