Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/179

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elle la pria de venir travailler au château, et, à partir de ce moment, elle passait tout son temps avec elle. Elle voulut même lui faire renoncer à son métier de couturière, pour venir demeurer au château, comme sa meilleure amie.

Yvonne résista quelque temps ; pourtant, elle quitta peu après sa petite maison, pour aller au château, et alors elle ne travaillait plus. Elle tenait continuellement société à la demoiselle, se promenait avec elle, habillée comme elle, au point qu’on les aurait prises pour les deux sœurs. Toutes les deux étaient jolies, et beaucoup de jeunes seigneurs leur faisaient la cour. Pourtant, Yvonne, bien qu’elle aimât à rire et à s’amuser, restait toujours sage et, chaque matin et chaque soir, elle disait ses prières. Elle allait aussi à confesse, une fois par mois, comme devant. Julie voulut faire tout comme elle. Yvonne était toujours joyeuse et contente, quand elle sortait du confessionnal ; Julie, au contraire, était toujours triste et soucieuse, parce qu’elle n’avouait pas ses plus grands péchés. Elles avaient le même confesseur. C’était un homme fort instruit. Un jour, il dit aux deux jeunes filles qu’elles devraient aller à une retraite qui avait lieu dans la ville voisine.

— Qu’est-ce qu’une retraite ? demanda Julie à Yvonne.