Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/222

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chêne. Quoi qu’il arrive, ne vous désaisissez pas de cette branche de chêne ; autrement, vous êtes perdue à tout jamais. Il vous faudra rester ainsi dans l’eau jusqu’à ce que vous voyiez l’aube commencer de poindre, et renouveler l’épreuve pendant trois nuits consécutives. Vous sentez-vous assez de courage pour cela ?

— Oui, avec l’aide de Dieu.

La jeune femme se rend à la rivière, la première nuit. Dès qu’elle entend sonner minuit au clocher du village, elle se déshabille et entre dans l’eau jusqu’au cou, tenant des deux mains une branche de chêne garnie de ses feuilles. Aussitôt elle sent elle ne sait quoi, comme des poissons ou des lutins qui jouent et qui frétillent autour de son corps et essaient de lui enlever sa branche de chêne ; mais elle tient bon, et dès qu’elle vit le jour commencer de poindre à l’horizon, elle sortit de l’eau. Sa branche de chêne était effeuillée et un peu entamée. Elle se hâta de s’habiller et retourna chez elle. Sur son chemin, elle rencontra un moine qu’elle ne connaissait pas et qui la salua pourtant.

La nuit suivante, elle alla encore à la rivière. Au coup de minuit, elle entra, toute nue, dans l’eau, comme la nuit précédente, et tenant encore à deux mains sa branche de chêne. Cette fois, elle eut plus de peine à défendre la branche, et