Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/240

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fontaine, il la suivit et lui dit, non sans bien des détours et circonvolutions, que c’était d’elle, et non de sa sœur, qu’il était amoureux, et qu’il la désirait pour femme.

Jeanne fut bien étonnée d’entendre cela, comme on peut le croire, mais ne dit pas non pourtant, et elle pria François d’en parler à son père et à sa sœur.

Tout s’arrangea pour le mieux ; les fiançailles se firent, puis la noce, et voilà François Kergargal devenu le mari de Jeanne Kergoz, après avoir constamment fait la cour à sa sœur, dans tous les pardons et toutes les aires neuves du pays.

Françoise, malgré sa mauvaise étoile, était bonne fille et aimait sa sœur ; aussi ne lui en voulut-elle pas trop. Mais elle était désireuse de savoir pourquoi François, aux promesses et à l’amour de qui elle avait toujours cru, l’avait ainsi soudainement abandonnée, pour prendre Jeanne, et elle pria celle-ci de faire en sorte de le savoir de lui. Jeanne le lui promit.

Et en effet, une nuit, au lit, elle interrogea son mari à ce sujet ; mais il refusa obstinément de répondre. Sur les instances de sa sœur, elle revint à la charge une seconde, puis une troisième fois ; mais François lui dit de ne pas insister davantage, parce que c’était là un secret et qu’il ne pouvait en rien dire ; il ajouta même qu’elle le forcerait de