Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/262

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Mais une épine entra, en ce moment, dans son pied et lui fit pousser un cri de douleur. Sa sœur dit alors :

— Puisse cette épine ne sortir de ton pied que lorsque j’aurai des bras et des mains pour l’en retirer moi-même !

En arrivant à la maison, Jean fut forcé de se mettre au lit, tant il souffrait, et d’appeler des médecins. Mais aucun médecin ne put extraire l’épine, et son pied et toute sa jambe enflaient et se gâtaient tous les jours de plus en plus. Cependant la pauvre Jeanne était toujours dans son arbre creux, au bois, et personne ne l’y allait voir et ne lui portait secours. Seul, son petit chien lui était resté fidèle. Il léchait ses blessures avec sa langue et allait tous les jours mendier quelques morceaux de pain et de viande dans un château voisin, et rapportait à sa maîtresse tout ce qu’on lui donnait ; il l’empêchait ainsi de mourir de faim.

Le fils du seigneur du château où le petit chien allait chercher de la nourriture, étonné de voir qu’il emportait tout ce qu’on lui donnait, et qu’il ne mangeait rien sur place, voulut le suivre un jour. Mais, arrivé dans le bois, il le perdit de vue, et il lui fallut s’en retourner sans savoir où il allait.

Il y avait deux ans que Jeanne était ainsi aban-