Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profond sommeil ; puis elle prit sa lettre, sur laquelle on faisait connaître au père l’heureux accouchement de sa femme, et on le priait de venir à la maison, si cela lui était possible, pour faire baptiser ses deux enfants. Elle faillit crever de rage, quand elle apprit que sa victime vivait encore, et qu’elle était bien mariée et mère. Elle substitua à la première lettre une autre, où elle informait le jeune seigneur que sa femme était accouchée d’un chien et d’un chat, et demandait ce qu’il fallait faire de la mère et de ses étranges enfants.

Quand le messager s’éveilla, il partit, emportant cette lettre et ne se doutant de rien.

Le pauvre père, la douleur dans l’âme, répondit qu’il fallait bien traiter la mère et ses enfants, et se résigner à la volonté de Dieu.

Le messager s’en retourna avec cette lettre. Quand il passa devant le château de Jean, sa femme, qui guettait son retour, descendit de sa chambre dès qu’elle l’aperçut, et le pria encore d’entrer, pour manger un morceau, boire un verre de vin et lui donner des nouvelles de son maître.

Le messager entra. On l’endormit, comme la première fois, avec un soporifique, et on lui prit sa lettre, et on lui en substitua une autre adressée au père et à la mère du jeune seigneur, qui leur recommandait de brûler immédiatement la mère