Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/292

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femme se crut maudite de Dieu, et sa douleur était extrême.

Le même ermite recueillit encore l’enfant et la fit baptiser, lui servit de parrain et lui donna pour marraine la sainte Vierge. Elle fut nommée Marie.

Cependant la sage-femme et Jeanne, ces deux couleuvres de l’enfer, écrivirent au prince, qui était toujours à l’armée, et lui marquèrent que sa femme menait mauvaise vie, et qu’après avoir eut deux petits chiens, elle venait encore de donner le jour à une chatte, tout cela par la vertu de l’esprit malin, qui avait tout empire sur elle.

— C’en est trop, à la fin ! s’écria le prince, furieux.

Et il écrivit pour donner l’ordre de renfermer sa femme dans une basse-fosse, avec du pain et de l’eau pour toute nourriture, jusqu’à son retour.

Quand la guerre fut terminée, le prince revint à la maison, et sa belle-sœur et la sage-femme lui dirent tant de mal de la princesse, qu’il refusa de l’aller voir dans sa prison. Il ordonna même de l’y laisser mourir de faim, et se maria à Jeanne.

Personne ne parlait plus à la cour de la pauvre princesse, et tout le monde la croyait morte. Mais le vieux roi, qui avait le cœur bon et qui soupçonnait quelque noire trahison, chargea, une femme de faire parvenir à la prisonnière quelque