Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/316

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avait fait croire que sa fille s’était échappée, une nuit, de sa chambre, sans doute pour suivre quelque galant, et que personne ne savait ce qu’elle était devenue. Comme il aimait sa fille, et qu’il était loin de soupçonner tant de méchanceté chez la reine, il la pleura beaucoup, et il pensait souvent à elle. Quand on lui présenta la fiancée, à la noce, il la reconnut tout de suite et s’écria :

— Ma fille Marie !

Et il se jeta dans ses bras, l’embrassa tendrement et pleura de joie. La reine, dissimulant son dépit et sa colère, l’embrassa aussi et feignit d’être heureuse de la retrouver ; mais, au fond, elle était bien contrariée. Les noces furent alors célébrées avec pompe et solennité, et les festins, les jeux et les réjouissances de toute sorte durèrent quinze jours, et tout le monde était heureux, si ce n’est pourtant la reine et sa fille.

Au bout de neuf mois ou environ, Marie donna le jour à un fils, un enfant superbe. Le roi devait en être le parrain, et il se rendit au château de son gendre, et la reine l’y accompagna aussi. Mais celle-ci, avant de partir, avait été consulter une autre sorcière, et l’avait bien payée pour lui indiquer un moyen de se défaire sûrement de la fille de son mari. La sorcière consulta ses livres, puis elle lui présenta un bonnet et une grande épingle noire, en lui disant :