Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/335

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perdue ; et si je ne le fais pas, nul autre ne le fera.

Goulven se rendit donc, pour la troisième fois, à l’église, quand l’heure fut venue. La vieille femme vint encore, comme les deux nuits précédentes, et lui parla de la sorte :

— Voici la dernière nuit, la dernière épreuve, et si tu en sors encore victorieux, comme je l’espère, tu épouseras la princesse que tu auras retirée de l’enfer, et tu seras roi d’Angleterre. Voici ce qu’il te faudra faire, cette fois : un peu avant le premier coup de minuit, tu te coucheras à plat ventre, au côté gauche de la dalle qui recouvre le gouffre, puis, quand la dalle se soulèvera et que la princesse paraîtra au milieu des flammes, tu saisiras lestement, de la main droite, la pantoufle de son pied gauche, et la jetteras dans l’abîme. Si tu y réussis, les feux s’éteindront à l’instant, et la princesse sera sauvée ; si, au contraire, tu ne réussis pas, la princesse t’entraînera avec elle dans l’abîme, et vous serez damnés tous les deux à jamais ! Te sens-tu le courage de tenter l’épreuve ?

— Je veux aller jusqu’au bout, répondit Goulven.

Ils trinquèrent encore, puis la vieille lui fit ses adieux et partit, en lui disant qu’il ne la reverrait plus.