Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/338

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Au dessert, le roi de France dit :

— Qui nous contera quelque plaisante histoire, avant de nous lever de table ?

— Moi, dit le roi d’Angleterre. Je veux vous conter un rêve que j’ai fait, la nuit dernière, un singulier rêve, comme vous allez voir. J’ai donc rêvé que j’étais natif de la petite ville de Tréguier, en Basse-Bretagne, et que je m’étais marié à une servante, contre le gré de mon père. Cette femme, dont je croyais avoir fait le bonheur partit un jour pour Rennes, avec un capitaine. Comme je l’aimais, je partis à sa recherche et, arrivé à Rennes, je m’engageai comme simple soldat dans le régiment de ce beau capitaine. Ma charmante femme me reconnut et chercha le moyen de se débarrasser de moi. Elle donna un jour un dîner à quelques officiers et amis de son mari, et m’y fit inviter aussi. Pendant le dîner, une servante, qui avait reçu des ordres en conséquence, introduisit adroitement et sans que je m’en aperçusse un couvert d’argent dans la poche de mon habit, puis elle s’en alla et revint tôt après dans la salle en criant : « Madame, il y a des voleurs chez vous ! On vient de dérober votre couvert d’argent !… » Le beau capitaine se leva alors et dit : « Il faut que le couvert se retrouve avant que personne sorte ; d’ailleurs, je ne vois ici qu’un homme qui soit capable d’une pareille indélicatesse... » Et on me