parlent, je les entendrai bien et vous en donnerai des nouvelles demain matin. »
Et il fit comme il dit. Il se rendit à l’étable aux bœufs vers les onze heures, et se cacha dans leur râtelier, afin de mieux entendre s’ils parlaient. Les bœufs continuèrent de ruminer gravement, sans paraître faire attention à lui. Il commençait à s’impatienter et se félicitait déjà d’avoir raison de persister dans son incrédulité à l’endroit de cette sotte histoire, comme de tant d’autres, quand, à minuit juste, le grand bœuf roux parla ainsi :
— Notre Seigneur vient de naître, mes enfants, le Dieu miséricordieux et tout-puissant, et il n’est pas né dans un palais ni dans la maison d’un riche de la terre ; il est venu au monde, comme le dernier des malheureux, dans une crèche, entre un bœuf et un âne ! Gloire au Seigneur !
Et tous les bœufs répétèrent en chœur :
— Gloire au Seigneur !
Ervoanic Hélary dressait les oreilles et ne revenait pas de son étonnement.
Puis le bœuf noir demanda au bœuf roux :
— Que ferons-nous demain, mon frère ?
— Demain, nous irons porter en terre, au cimetière de la paroisse, le corps d’Ervoanic Hélary, du pauvre Ervoanic, l’indiscret et l’incrédule, qui est ici, caché dans notre râtelier.