Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/348

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— Nous porterons en terre le corps d’Ervoanic Hélary, l’indiscret et l’incrédule, qui est ici caché dans notre râtelier, répétèrent en chœur tous les bœufs.

Ervoanic ne riait plus, je vous prie de le croire, et il aurait voulu être à cent lieues de là.

Craignant que les bœufs ne voulussent le tuer sur place, pour ne pas mettre en défaut leur funèbre prédiction, il sauta à bas du râtelier, où il se tenait blotti, et se sauva à toutes jambes.

Les bœufs le laissèrent partir. Pâle, effaré, mourant de peur, il courut se coucher dans son lit… et n’en sortit que pour aller au cimetière de sa paroisse, traîné par les bœufs qui lui avaient prédit sa mort.

— J’ai entendu conter encore, dit Jolory, que, la nuit de Noël, au moment de l’élévation, à la messe de minuit, quand l’officiant montre aux fidèles l’Hostie consacrée, l’eau des puits et des fontaines se change en vin.

— Moi aussi, je l’ai entendu dire, dit Fanch ar Moal, et Laou Troadec m’a même affirmé qu’à Guergarellou, il était allé se placer près du puits à minuit, au moment où l’on entrait à la messe, et que dès qu’il entendit le tintement de la cloche annonçant l’élévation, vite il tira un seau d’eau et se mit à boire à même le seau ; et c’était, assurait-il, du vin délicieux et comme il n’en avait