Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/359

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et ma mère firent-ils tous leurs efforts pour me détourner de ces dangereuses réunions : je ne les écoutais pas ; mais Dieu voulut aussi s’en mêler…

Une nuit que je revenais, seul, vers les trois ou quatre heures du matin, de Roz-an-c’hogo, où nous avions passé la nuit à jouer chez Robert ar Manac’h, arrivé à Pont-ar-c’hastel (le Pont-du-Château), je m’aperçus avec surprise que j’étais suivi d’un barbet noir. Je ne connaissais pas ce chien et ne l’avais jamais vu jusqu’alors. Cependant, il se tenait si près de moi, que je le caressai, en lui passant la main sur le dos. Des étincelles en jaillirent. Cela m’étonna. Je voulus chasser l’animal ; mais quand je le menaçai de mon bâton, il ouvrit une énorme gueule garnie de deux rangées de dents aiguës et rouges comme des clous sortant d’une fournaise, puis il faisait entendre un grognement comme je n’en avais jamais entendu faire à aucun animal au monde. Ma foi ! j’eus peur, moi qui me vantais de n’avoir peur de rien. Je montai l’escalier taillé dans le roc vif et qui conduit aux ruines du vieux château, sur la motte féodale. Le chien me suivait toujours. En passant devant la vieille chapelle en ruines de Notre-Dame-de-Bon-Secours, qui est sur la hauteur, je fis le signe de la croix. Le chien grogna d’une façon étrange et devint menaçant. J’avais grand’peur et ne savais où me cacher. Je