Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/368

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les autres attendirent, à genoux, à la porte. Marianna, qui avait encore assez loin à faire, continua sa route vers Kerouazle. Tout en marchant, seule, dans le silence, elle faisait à part soi ces réflexions :

« C’est singulier ! j’ai entendu la messe ; j’ai accompagné le prêtre jusqu’au seuil de la maison de Marharit Riwal, où j’ai dit cinq Pater et cinq Ave pour la pauvre femme, et il ne fait pas encore jour ! Car, ou je me trompe fort, ou il ne fait que clair de lune, et depuis Rozanc’hlan, je n’ai rencontré âme qui vive… C’est bien singulier ! »

Quant à tout ce qu’elle avait vu d’extraordinaire, depuis son départ de Kerouazle, à l’église, dans le cimetière, sur la route de Rozanc’hlan, où elle avait cru reconnaître son amie Périnaïc Congar, morte et enterrée depuis un an et plus, elle n’y songeait pas, tant elle était loin de trouver à tout cela rien de surnaturel.

Au moment où elle entrait dans la cour de Kerouazle, les coqs chantaient, le jour commençait de poindre, et le domestique Iann Kerbrat partait pour la première messe, au bourg de Flouaret. Il fut bien étonné de trouver Marianna qui rentrait à cette heure, et il lui demanda :

— D’où venez-vous donc, Marianna ?

— Et d’où reviendrais-je, si ce n’est de la messe matinale ?