Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/40

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la ville sainte. Il alla aussitôt se jeter aux pieds du Saint-Père, qu’il arrosa de ses larmes, en s’écriant :

— Je suis le fils du frère et de la sœur, et j’ai épousé ma mère ! Je suis damné sans rémission, sans doute !...

— Le pouvoir et la bonté de Dieu sont infinis, mon fils, répondit le pape, et en faisant dure pénitence, vous pouvez encore être sauvé.

— Donnez-moi donc une pénitence, ô mon père, et, quelque dure qu’elle puisse être, je l’accomplirai.

— Écoutez-moi donc, mon fils. Vous vous retirerez sous un rocher, au rivage de la mer ; vous y prierez et pleurerez constamment, pendant trois ans, n’ayant d’autre nourriture pour tout ce temps qu’un pain et une cruche d’eau que vous emporterez avec vous, et vous ne quitterez ce lieu que lorsque j’irai vous chercher.

— J’irai, mon père, et, avec la grâce de Dieu et votre bénédiction, j’accomplirai la pénitence.

Le pape lui donna sa bénédiction, et il se mit en route et se retira sous un rocher, au bord de la mer, emportant pour toute provision un pain et une cruche pleine d’eau.

Mais voilà les trois ans expirés, et personne ne songeait à lui. Le pape l’avait complètement