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et s’arrêta devant la pauvre chaumière, comme les deux autres.

Le vieux moine s’éveilla alors, et son jeune compagnon lui raconta ce qu’il avait vu pendant qu’il dormait.

— Pourquoi ne m’avez-vous pas éveillé ? dit le vieillard avec humeur.

— Vous étiez si fatigué… et vous dormiez si bien !

— Allons, vite, à la chaumière du bord de la lande.

Ils entrèrent dans une maison, au bord de la route, et demandèrent où se trouvait la chaumière habitée par une jeune fille pauvre et sage qui y faisait pénitence depuis longtemps. On leur répondit :

— Oui da ! faire pénitence !… Qui vous a conté cela ? L’on voit bien que vous n’êtes pas du pays. C’est une fille de mauvaise vie ; elle a eu un enfant, et elle ne fait que chanter et rire tout le long des jours ; vous avez bien tort de vous intéresser à des gens de cette sorte...

Bien que très pauvre et manquant de tout, elle était, en effet, joyeuse et chantait continuellement des cantiques et des guerziou de saints.

— Mais elle est morte, reprit le jeune moine, et trois belles processions viennent de passer qui vont la chercher, pour la conduire au paradis !