Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grâce à la douceur de son caractère et à son cœur aimant, plut tout de suite à la vieille dame et s’attira ainsi la jalousie de deux autres servantes qui étaient dans la maison. Tous les jours elle accompagnait sa maîtresse à la messe, dans la chapelle du château. Bien plus, dès qu’elle avait un moment de loisir, elle y allait prier. Les deux autres servantes la plaisantaient sur cette dévotion excessive, et faisaient leur possible pour la retenir avec elles, aux heures de récréation, et lui faire prendre part à leurs jeux, à leurs danses et à leurs folles chansons. La pauvre Touina ne pouvait toujours résister à leurs instances ; mais, même au milieu des jeux les plus bruyants, elle était toute pensive et priait, en esprit et d’intention, dans la chapelle, devant l’image de la sainte Vierge. Bien plus, la Vierge, la prenant en pitié, la faisait disparaître du milieu des sociétés joyeuses et bruyantes où elle se trouvait si malheureuse, sans que personne sût comment elle disparaissait, ni où elle allait. Quatre anges invisibles la prenaient, un par chaque membre, la soulevaient en l’air et la transportaient dans la chapelle, puis ils la ramenaient de la même manière au milieu de ses compagnes, étonnées de la voir reparaître tout d’un coup, comme si elle sortait de terre ou descendait du ciel.