Page:Luzel - Sermon evit gouel ann hol-zent.djvu/4

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nous. Celui-là a gagné le paradis, quoiqu’il eût été maltôtier, dans sa jeunesse. Un jour, l’or qu’il avait dans ses sacs fut changé en feuilles sèches par le Seigneur Jésus, qui était Dieu ; alors il se convertit et fit grande pénitence, jusqu’à sa mort. Il donna son bien aux pauvres et devint mendiant. En cet état, Mathieu mangeait la nourriture qu’on lui donnait, dans les maisons (où il mendiait), et conservait l’argent qu’il recevait, pour le donner à un prêtre, afin d’obtenir des messes. Quand il devint vieux, il ne pouvait plus courir le pays, et souvent il n’avait d’autre nourriture que des vers et de l’herbe. Mais la pourriture s’étant mise dans ses pauvres pieds, le saint fut nourri par un corbeau de mer (cormoran), qui lui apportait un poisson, tous les jours, et un de ses doigts s’apostumait, chaque jour, à midi. Il ne mourut pas comme le commun des hommes ; il monta au ciel, à califourchon sur son doigt, auquel des ailes avaient été données par le Seigneur Dieu. Le corbeau de mer volait devant, avec une chandelle sur sa queue, pour éclairer le chemin. C’est ce que vous ne feriez pas, vous ! La passion de l’argent, l’ivrognerie, la lubricité sont les causes de la perte de vos âmes !

Il est vrai que vous allez à la messe, les dimanches et fêtes observées ; mais les jeunes hommes lorgnent les jeunes filles, et les imbéciles dorment, comme le fait toujours Joseph Kerboriou, le veau. Quand vous vous en retournez de la messe, vos cœurs se fendraient, s’il vous fallait donner un liard aux pauvres qui sont à la porte de l’église ; vous aimez mieux creuser un trou en terre, pour y enfouir vos péchés, ou vider vos bourses dans la maison du tavernier.

C’est en vain que vous amassez du bien, si vous n’en donnez une part à Dieu, c’est-à-dire à l’église et aux prêtres, établis par Dieu pour prêcher l’Évangile et ramener les hommes à leurs devoirs. Pour une modique aumône, un sou donné à l’église, vous avez au ciel un trésor de cent sous. Suivez l’exemple de Nonn Kerdroubar, qui mourut il y a dix-huit mois : quand il faisait son beurre, il en portait la douzième partie au presbytère,