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   Quand la pomme est rouge,
Il faut la cueillir, et tout de suite ;
   La pomme tombe de l’arbre,
Si on ne la cueille, elle se gâte.

   — Ma fillette jolie, ne vous désolez !
Avant un an vous serez mariée.
— Et si je meurs avant un an !...
Mettez-moi dans une tombe neuve.

   Mettez trois bouquets sur ma tombe,
Un de roses, deux de laurier.
Quand iront des mariés au cimetière,
Ils prendront chacun un bouquet.

   Et il se diront l’un à l’autre :
— Voici une jeune fille ici,
Laquelle est morte au beau milieu de son envie
De porter des miroirs d’argent[1] .

   Sur la grand’route avant (de m’enterrer) exposez-moi ;
Cloche pour moi ne sonnera point,
Cloche sur la terre ne sonnera point,
Prêtre me chercher ne viendra point.


Stival, près de Pontivy, 1843.
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CELLE QUI MOURUT D’ENVIE
DE SE MARIER
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   La fille se leva de bon matin,
Pour bien mettre sa coiffe.

   Sa mère lui disait :
— « O Dieu ! la jolie fille que vous êtes !

   — « Que me vaut d’être jolie,
Puisque je ne peux avoir mon envie ?

   — « Taisez-vous, ma fille, ne pleurez pas !
« Dans un an, vous-serez mariée,

  1. Les nouvelles mariées, le jour de leurs noces, portaient des petits miroirs d’argent sur leur coiffure.