Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


   « Lorsqu’en sera informée notre famille, parents et amis,
Nous aurons, partout eu ce monde, à subir de leur part mille reproches. »

   La fillette, après avoir entendu, a dit ;
« — Je suis contente de l’épouser, puisqu’il m’a enlevée, »

   Mais son père, qui était présent, s’empressa de répliquer :
— « Je vous expédierai, Margot, au couvent, à Guingamp ! »

   Ma douce est allée, au couvent, et elle (est) vêtue de gris,
Mais moi, j’irai me faire ermite, dans ta forêt du Marquis[1],

   Et je tendrai mes lacs sur la tête d’un autre oiselet,
Puisque ma colombe s’est échappée et que mon coup a manqué.

   Quelques instants encore, je suis demeuré rêveur, sous le porche,
A voir combien vite elle s’est échappée ;

   A voir quelle ruse a eue le recteur
De fermer la porte de la cage et de lâcher ma colombe.

   Elle s’en est allée, ma douce, au couvent, et elle vêtue de blanc,
Mais moi, j’irai me faire ermite, à la forêt de Saint-Germain,

   Et je tendrai mes lacs sur Coat-Vilien,
Là où jamais mes yeux ne verront plus ma maîtresse.


Marguerite Philippe.
__________


LA MAITRESSE DÉDAIGNEUSE
____


   Quand j’étais dans mon berceau, tout petit,
Je fis choix d’une maîtresse.
   Trou la ri lai tra la lan,
____Roularilanlaine !

   Maintenant que nous sommes devenus grands tous deux,
Il est né des tendresses (entre nous.)

   Son père, sa mère, quand ils l’ont appris,
Au couvent l’ont envoyée ;

  1. La forêt du Marquis, ou forêt de Beffou, dans la commune de Loguivy-Plougras, Côtes-du-nord.