Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/361

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   Qui est celle-là avec son habit blanc ?
Elle danse (légère) comme un pois[1].

   — Celle-là est l’héritière jolie,
Qui danse avec son envie (son amoureux).

   Le comte, sitôt qu’il a entendu,
Son chapeau de dessus sa tête il a ôté ;

   Son chapeau de dessus sa tête il a ôté,
Le petit clerc il a salué :

   — Et salut à vous, petit clerc,
Me donneriez-vous la petite héritière,

   Pour faire une danse et une promenade,
A mon côté, dans l’aire-neuve ?

   Le petit clerc, quand il a entendu,
Au seigneur a répondu :

   — Bien que ce soit avec moi qu’elle est à l’aire neuve,
Je ne commande pas à sa volonté.

   L’héritière, quand elle a entendu,
A étreint le clerc à pleins bras.

   — Ce n’est pas ici notre premier baiser,
Mais je crois que c’est le dernier.

   Le petit clerc, quand il a entendu,
A saigner du nez a commencé,

   Et, de regret à l’héritière,
Là sur la place il est mort.

   Monsieur le comte, qui est un homme compatissant.
Le fait transporter chez son père.

   — Devant vous tous, petits et grands,
J’emmène cette fille jolie ;

   Je l’installerai dans la chambre de madame.
Et la nommerai « de Kergudon » !

III

   Monsieur le comte disait,
De son carrosse quand il descendait :

  1. Allusion à la légèreté avec laquelle les pois sautent et dansent, dans l’eau qui bout.