Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/383

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   (Je ne fais) que regarder pardessus le bout de mon épaule,
Du côté de la maîtresse jolie que j’ai...

   Ma mère, mon père, quand ils ont su,
A l’étude, à Paris, m’ont envoyé...

   Comme j’étais à Paris, à l’étude,
Ma maîtresse me fit tenir une lettre,

   (Pour me dire) de m’en revenir à la maison,
Si je désirais la revoir en vie ;

   De revenir à la maison, bien vite,
Pour revoir encore vivante ma maîtresse jolie.

   Et moi de faire un paquet de mes livres,
Et de m’en aller vers mon pays.

   Comme je venais par la grand’route,
J’entendis les cloches sonner le glas ;

   J’entendis les cloches sonner le glas,
A petit coups et à grands coups ;

   J’entendis les cloches sonner le deuil,
Pour ma maîtresse jolie, qui était morte.

   Lorsque j’entrai dans la maison,
Le prêtre lui administrait l’extrême-onction.

   A deux genoux je me suis prosterné,
De tout mon cœur j’ai pleuré.

   Quand l’assistance fut sortie de la chambre,
(Je m’approchai) du lit de ma douce jolie ;

   Et ma maîtresse de me dire :
— « Ne pleurez pas à cause de moi !

   « Jeune clerc, si vous m’aimez,
« à cause de moi ne pleurez pas !

   « Pleurez (plutôt) sur le Messie,
« Qui a expire pour nous, sur la croix. »

   Elle n’avait pas fini de parler,
Que ma maîtresse jolie est morte.

   Les prêtres, de blanc vêtus,
Conduisent ma douce au cimetière ;

   Les prêtres, vêtus de blanc,
S’en vont en chantant par la route ;

   S’en vont le long de la route, en chantant,
Moi, je vais à travers champs, en pleurant.