Page:Luzel - Soniou Breiz Izel vol 1 1890.djvu/385

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   Les prêtres chantaient allègrement,
Moi, je pleurais, j’en avais sujet.

   Dans l’église quand je suis entré,
Derrière un pilier je me suis agenouillé.

   Quand tout le monde se fut retiré,
J’allai aussi (m’agenouiller) sur la tombe.

   Et, comme à la maison je m’en revenais,
Une fille jeune j’ai rencontré ;

   Une fille jeune, vêtue de blanc,
Avec une coiffe de toile de Quintin sur la tête ;

   Oh ! Dieu ! la belle créature !
Seulement, elle était nu-pieds !

   — « Jeune clerc, dites-moi,
« Où allez-vous ou bien où avez-vous été ?

   — « C’est de ma noce que je viens,
« Et maintenant c’est à la maison que je vais.

   — « Jeune clerc, vous mentez,
« C’est de mon enterrement que vous venez :

   « Et je suis venue, moi, de la part de Dieu,
« Te dire de changer de vie ;

   « De laisser de côté le vin et les filles,
« D’étudier pour devenir prêtre ;

   « Et quand tu te seras fait prêtre,
« Quatre messes tu auras à dire :

   « Une pour ton père, une pour ta mère,
« Une pour toi-même ;

   « Une autre, devant l’Esprit-pur, (le Saint-Esprit),
« Pour qu’il me délivre de ma peine !

   « Et dans le paradis, ou aux alentours,
« Si tu te conduis bien, nous nous reverrons[1] ! »


Femme Mao, 1883.
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  1. Var. :
    « Durant votre première messe, vous mourrez,
    « Alors, moi, je serai délivrée ! »