Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/119

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ta famille, non seulement ce soir, mais pendant sept années de suite.

— Je suis prêt à vous obéir, monseigneur ; quelles sont vos conditions ?

— Donne-toi à moi, dans sept ans d’ici, et tu prendras du poisson autant que tu voudras, et nul autre pêcheur de tout le pays de Léon n’en pourra prendre un seul, pendant tout ce temps-là, de sorte que tu deviendras facilement riche.

— Jésus, mon Dieu ! que dites-vous là ? Vous êtes donc le Malin-Esprit ? Non, jamais je ne ferai cela.

— À ton aise ; mais, je te préviens, alors, qu’aujourd’hui et demain et tous les autres jours de ta vie, il n’y aura pas de poissons pour toi dans la mer, et que tu seras battu par ta femme, et que vous finirez par mourir tous de faim !

Le pauvre homme réfléchit, se gratta le côté de la tête, puis il dit :

— Eh ! bien, j’accepte le marché !

Le cavalier lui présenta alors un parchemin en lui disant :

— Signe ceci avec ton sang.

— Je ne sais pas écrire, dit Kaour.

— Une seule goutte de ton sang sur le parchemin suffira.

Et avec la pointe de son couteau, le pêcheur se piqua le bras et laissa tomber une goutte de sang sur le parchemin.

— C’est bien ; dans sept ans, jour pour