Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/130

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Ils mirent alors leurs chevaux au galop, et ne tardèrent pas à arriver au Dourduff.

L’ermite dit à son frère, en arrivant près de son lit :

— Hélas ! mon pauvre frère, dans quel état je vous trouve, et dans quelle société !

La chambre était toute pleine de diables hideux, qui tourmentaient le vieux pêcheur.

— Qu’on m’apporte, vite, un baquet d’eau et tout ce qu’il y a d’eau bénite dans la maison.

On apporta un baquet plein d’eau. L’ermite y versa une bouteille d’eau bénite, puis, prenant un balai, il le plongea dans le baquet et en aspergea toute la chambre. On entendit alors des cris étouffés et comme des bruits d’ailes, dans la cheminée : c’étaient les diables qui se sauvaient par là.

Aussitôt, le malade se trouva soulagé, et il cessa de gémir et de crier.

Le lendemain, au coucher du soleil, finissaient les sept ans, et, aux termes du pacte fatal, Kaour Gorvan devait se trouver au rendez-vous assigné, pour se livrer au diable. Cette pensée l’effrayait et le rendait malade. L’ermite le rassura et lui dit que, grâce à ses prières et au dévouement de son fils Mabik, il était encore possible d’éviter un si grand malheur. Le saint homme donna alors ses instructions à Mabik et lui dit :

— Tu te rendras, seul, sur une barque, jusqu’au rocher désigné. Tu emporteras les deux baguettes de coudrier que tu as coupées dans