Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/134

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honneur, et mon maître t’attend avec impatience ; hâte-toi donc de venir ici, et partons vite.

— Je suis vraiment touché de tout ce que vous me dites, mais, je vous le répète, si vous tenez à m’avoir à votre fête, vous viendrez bien me chercher jusqu’ici.

Le cavalier rouge, impatienté, sauta sur la première marche, poussa un cri de douleur, et ne pouvant aller plus loin, il remonta à cheval et partit, en faisant un vacarme de diable. Pour abréger, il en fut de même pour le second diable, à cheval comme le premier, et le troisième avec son beau carrosse attelé de deux chevaux superbes (c’était, dit-on, le diable boiteux, le plus malin de tous les diables), n’eut pas plus de succès que les deux autres. Il alla jusqu’à la troisième marche ; mais, ne pouvant monter plus haut, il s’en retourna aussi, furieux et tempêtant.

Dès lors, Mabik était sauvé. Il descendit du haut du rocher, posa ses deux baguettes de coudrier sur l’avant du bateau, en guise de cierges, pour l’éclairer (car la nuit était venue), et se dirigea tout joyeux vers le rivage, où l’attendaient l’ermite, son père, sa mère et ses deux frères. Comme il allait ainsi tranquillement, poussé par une bonne brise et exempt désormais de tout souci, le géant Pharaüs, qui passait au-dessus de lui, dans un nuage, l’aperçut. — Quel beau garçon ! s’écria-t-il. Et, s’abaissant jusqu’au jeune homme, il l’en-