Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/135

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leva et l’emporta à son château, situé dans une île, au milieu de la Mer Rouge.

Cependant, le bateau aborda au rivage. Quand on vit que Mabik n’y était pas, son père, sa mère et ses frères se mirent à pleurer et à pousser des cris de détresse.

— Ne vous désolez pas tant, leur dit l’ermite, car je puis vous assurer que le diable ne le tient pas ; je sais où il est, et je retourne à mon ermitage, pour prier Dieu, afin qu’il se tire heureusement des épreuves qui l’attendent.

Et le vieillard prit son bâton et se remit en marche vers la forêt du Crannou.

En arrivant au château de Pharaüs, Mabik fut émerveillé de tout ce qu’il y vit. Il soupa avec le géant, qui ne lui parut pas un méchant géant, de sorte qu’il s’enhardit et lui demanda :

— Qu’aurai-je à faire ici, tous les jours ?

— Soupons d’abord, lui répondit Pharaüs, puis, nous irons nous coucher, et demain matin, je te dirai cela. Mais, sois tranquille à ce sujet, ton travail ne sera pas bien pénible.

Le lendemain matin, comme ils déjeunaient ensemble, Mabik demanda encore au géant :

— Qu’aurai-je à faire ici, maître ?

— Rien. Tu n’auras qu’à te promener, boire, manger, dormir à ton gré. Rien ne te manquera dans ce château ; il te suffira de former un désir, quel qu’il puisse être, pour qu’il soit aussitôt accompli. Seulement, je te recommande