Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/138

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être te pardonnera-t-il. Mets-moi vite l’épingle dans les oreilles, comme devant, puis cours te mettre à genoux sur le seuil de la cour, et quand le géant arrivera, demande lui pardon, pleure, supplie et promets de ne plus lui désobéir. Je suis fille du roi d’Écosse, et j’ai été enlevée, comme toi, par Pharaüs et changée en ânesse, pour lui avoir désobéi. S’il te pardonne, peut-être parviendrons-nous à sortir d’ici, et alors, je t’emmènerai en Écosse, à la cour de mon père, et nous serons mariés ensemble. Mais replace, vite, l’épingle dans mes oreilles, car le géant arrive. Ne vois-tu pas ce nuage noir qui s’avance vers nous ? il est là-dedans. »

Mabik remit l’épingle dans les oreilles de la princesse, qui redevint aussitôt ânesse, puis, il courut au château et s’agenouilla sur le seuil de la porte de la cour. Pharaus y descendit, au même moment, de son nuage.

— Pardon, maître, j’ai manqué ! dit le jeune homme, en tendant vers lui ses mains suppliantes.

— Oui, tu as manqué, et tu sais ce qui t’attend.

— Pardon, mon bon maître, pour la première fois ! je ne vous désobéirai plus jamais !

— Je n’ai pas l’habitude de pardonner, quand on me désobéit ; mais, comme tu es un joli garçon, et que tu me plais, je te pardonne, pour cette fois.

— Merci, maître, merci !