Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/175

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demanda la permission de se retirer dans sa chambre.

— Comment oses-tu parler de dormir ? lui dit la Princesse. Ce n’est pas en dormant que tu viendras à bout de me tirer d’ici ! Viens avec moi, que je te fasse voir le travail que tu as à exécuter, cette nuit, pour commencer.

Et elle le conduisit dans un pré, où il y avait trois étangs. Un d’eux était rempli d’eau, le second était plein de vase noire, et le troisième était vide. Elle lui dit : Voici trois étangs, dont le premier est rempli d’eau, le second est rempli de vase noire, et le troisième est vide. Il faut qu’avant le jour, tu aies desséché le premier, transporté toute l’eau et tous les poissons qui s’y trouvent dans le troisième, et enlevé toute la vase du second, et tout cela, il faudra le faire avec cette coquille de patelle (brinic).

Et elle lui donna une petite coquille et ajouta : — Tu dormiras ensuite, si tu en trouves le temps. — Puis, elle s’en alla.

Voilà notre pauvre Petit-Louis fort embarrassé, vous pouvez bien le croire ! Que faire, mon Dieu ? se disait-il ; et qui pourrait exécuter un pareil travail ? — Et il se mit à pleurer. — Peut-être, pensa-t-il tout-à-coup, que la reine des oies avec tous les siens… elle m’avait recommandé de l’appeler, si jamais je me trouvais avoir besoin d’elle ; il faut que je l’appelle, pour voir.