Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/177

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château. Puis, le soir venu, ils soupèrent encore ensemble et firent leur partie de cartes, comme la veille. Comme la veille aussi, l’envie de dormir s’empara de Petit-Louis et il demanda la permission de se retirer dans sa chambre.

— Tout le travail n’est pas encore fait, il s’en faut ; lui dit la Princesse. Viens, que je te montre ta tâche de cette nuit.

Et elle le conduisit dans le grenier du château, où il y avait un énorme tas de blé de trois grains, froment, avoine et orge

— Il te faudra, pour demain matin, au lever du soleil, séparer ces grains, mettre chaque espèce dans un tas à part, de telle sorte qu’il ne se trouve dans aucun des trois tas un seul grain d’une nature différente.

Ayant dit cela, la Princesse se retira, et Petit-Louis, resté seul, était, pour le moins, aussi embarrassé que la veille.

— Quel travail ! se disait-il ; qui pourrait jamais s’en tirer ? Et qui appeler à mon secours, cette fois ? La reine des fourmis ! Il faut que je l’appelle ; elle aussi m’a promis son secours, au besoin.

Ô bonne reine des fourmis,
Venez à mon aide, je vous prie !

Aussitôt les fourmis envahirent le grenier, en si grand nombre, qu’une épingle n’eut pu trouver de place où tomber sans en toucher une.

— Qu’y a-t-il pour votre service, Petit-