Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/179

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rien mangé depuis huit jours, mit la clef dans sa poche, puis elle s’en alla, en disant :

— Demain matin, je viendrai savoir de tes nouvelles !

Petit-Louis ne perdit pas la tête. Il jeta son quartier de veau au lion, qui se précipita dessus, et, pendant que l’animal affamé le dévorait, il eut le temps de dire :

Roi des lions, à mon secours !
Je suis perdu, si tu n’accours !

Et le roi des lions arriva aussitôt et défendit au lion en cage de faire aucun mal à Petit-Louis. Avant de partir, il dit encore à celui-ci : — à présent, vous direz à la Princesse qu’il faut qu’elle vous accompagne à la cour du roi de France. Elle essaiera de vous retenir dans son château, vous disant que tout ce qui s’y trouve vous appartient, que vous n’aurez plus rien à faire que vous promener, vous divertir et vivre comme un prince ; mais, fermez l’oreille à ces douces paroles, et emmenez-la.

Et le roi des lions s’en alla, alors.

Le lendemain matin, au lever du soleil, quand la Princesse vint, elle fut bien étonnée de retrouver Petit-Louis en vie, et de le voir jouer avec le lion, dans sa cage, comme avec un chien.

— Quel homme est-ce-donc ? pensa-t-elle ; puis, s’adressant à Petit-Louis :

— Allons déjeuner ! lui dit-elle.

— Non, Princesse ; nous allons partir, à présent, pour la cour du roi de France, puisque