Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/239

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tours de finesse, tous plus forts les uns que les autres.

Le lendemain, pour éprouver l’adresse et la science du nouveau compagnon, le chef lui dit : — Il y a, non loin d’ici, un riche fermier qui doit se rendre aujourd’hui à Morlaix, pour payer sa Saint-Michel à son seigneur. Il aura sur lui une bourse de cinq cents écus. Tu iras le guetter au bord de la route, et tu m’apporteras cette bourse. D’après la manière dont tu mèneras cette affaire, qui n’est pas difficile, nous verrons quel compte nous devrons faire sur toi. Voilà un bon pistolet. Maintenant, le reste te regarde.

— C’est bien, répondit Bilz.

Et il prit le pistolet et alla se poster derrière un buisson, au bord de la route. Il vit, sans tarder, venir le fermier, monté sur un bon bidet. Il s’élança de sa cachette, comme un chat qui guette une souris, saisit la bride du cheval et, présentant le pistolet au cavalier, à bout portant, il lui cria : — La bourse ou la vie ! — Le pauvre homme, à demi-mort de frayeur, lui dit : — Au nom de Dieu, mon brave homme, laissez-moi poursuivre mon chemin, sans me faire de mal ; j’ai femme et enfants et je ne suis pas riche. Cet argent que je porte à mon seigneur est toute ma fortune, et si vous me l’enlevez, je suis ruiné, à tout jamais.

— La bourse ou la vie ! répéta Bilz, pour toute réponse.