Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/240

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— Eh ! bien, prenez mon argent et laissez-moi la vie.

Et le paysan donna sa bourse à Bilz. Celui-ci, qui avait bon cœur, quoique voleur, la prit et la vida dans son chapeau. Il mit la bourse dans sa poche et rendit l’argent au fermier, en lui disant :

— Prenez cet argent, puis partez, vite, et estimez vous heureux d’avoir eu affaire à moi.

Le fermier ne revenait pas de son étonnement. Il mit pourtant son argent dans ses poches et déguerpit, sans qu’on eût besoin de le lui dire deux fois.

Bilz, de son côté, retourna au vieux château, dans le bois.

— Eh ! bien, lui demanda le chef des brigands, en le voyant revenir, comment as-tu mené cette affaire ?

— À merveille, maître.

— Tu as la bourse du paysan ?

— Assurément ; la voici.

Et il tira la bourse de sa poche.

— Mais, et l’argent ? demanda le chef, en la voyant vide.

— L’argent ?… je l’ai remis au fermier. Vous m’aviez dit qu’il fallait demander la bourse ou la vie ; j’ai préféré la bourse, et je vous l’apporte. Vous ne m’aviez pas parlé de l’argent.

— Imbécile !… s’écria le chef, en frappant un coup de poing sur la table, où il était occupé à boire avec les siens.