Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

V

Quand il arriva chez sa mère, la bonne femme était à genoux sur la pierre du foyer, soufflant péniblement sur quelques charbons presqu’éteints et essayant d’allumer un peu de feu, afin de cuire quelques pommes de terre pour son dîner. Elle avait le dos tourné vers la porte de la hutte, de sorte que Bilz entra sans qu’elle l’aperçut. Il vida à terre, derrière elle, son sac rempli d’or et d’argent. La vieille se détourna vivement, à ce bruit et, éblouie par la vue d’un pareil trésor, elle crut que c’était le diable qui venait la tenter, et voulut s’enfuir. Mais, Bilz la retint et la rassura. La pauvre Marc’harit ne revenait pas de son étonnement et s’extasiait à la vue de ce tas d’or et d’argent.

— Où as-tu pris cela, mon fils ? dit-elle enfin ; prends garde, ou tu finiras par être pendu.

— Ne vous préoccupez pas, ma mère, d’où vient ce trésor ; nous le tenons, et c’est là l’important ; et quant à ce qui est d’être pendu, je vous l’ai déjà dit, bien fin sera celui qui me fera pendre. En attendant, serrons tout cela dans ce vieux bahut de chêne, et faisons bonne chère et menons joyeuse vie, puisque nous en avons les moyens, à présent.

Ils entassèrent l’or et l’argent dans le vieux bahut placé près du foyer ; puis, Bilz prit une