Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/245

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— Votre fils Bilz est de retour à la maison, m’a-t-on dit ?

— Oui sûrement, mon bon seigneur, il est de retour à la maison, depuis quelque temps.

— On s’en aperçoit bien, et il doit savoir des nouvelles des bœufs et des chevaux que j’ai perdus ?

— Je ne l’ai jamais entendu en parler, monseigneur. Mais, pour sûr, ce n’est pas lui qui se permettrait jamais de rien prendre qui vous appartint, sans votre permission.

— C’est bon, c’est bon, la vieille ; mais, que votre fils prenne bien garde à lui, ou je le ferai pendre.

— C’est bien ce que je lui dis, tous les jours, mon bon seigneur ; mais, voyez-vous, il est si fin et si rusé, qu’il me répond toujours d’être tranquille à ce sujet.

— Eh ! bien, ma bonne femme, puisque votre fils est si malin et si adroit, moi aussi je ne suis pas un sot, et je veux le lui prouver. Dites-lui donc que si, dans les vingt-quatre heures, il n’a pas volé et enlevé ma haquenée blanche de mon écurie, je le ferai pendre au plus haut chêne de l’avenue de mon château.

La vieille regarda la barrique ; le doigt de Bilz était dans le trou de la bonde, et elle répondit :

— C’est bien, mon bon seigneur, je le lui dirai, et il vous volera sûrement votre haquenée blanche, car il est bien malin, le gars.