Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/251

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pitié de moi et ne soyez pas tant en colère contre lui tout de même. Je vous assure qu’il a bon cœur, après tout, et qu’il ne vous veut pas de mal.

— C’est bon, c’est bon. Dites-lui que je lui pardonne, à la condition qu’il vole, avant demain matin, un pâté de lièvre que l’on doit faire cuire, cette nuit, dans le four du château.

La bonne femme regarda la barrique. Le doigt de Bilz était dans le trou de la bonde, et elle répondit :

— Je le lui dirai, mon bon seigneur, et soyez sûr qu’il le fera, puisque vous le lui demandez.

— C’est ce que nous verrons bien, — répondit le seigneur. Et il partit.

Dès qu’il fut hors de la maison, Bilz sortit aussi de sa barrique et, prenant un panier, il se rendit au Vieux-Marché et acheta deux bouteilles d’eau-de-vie et des liqueurs, se munit d’un chien de chasse et d’un lapin et retourna avec tout cela à Penn-an-Menez. Puis, vers le soir, il alla rôder autour du château et, quand il en trouva l’occasion, il pénétra dans le fournil, y déposa son panier de liqueurs et sortit ensuite.

Vers les huit ou neuf heures, on mit le pâté au four, et deux valets armés de bâtons et de fusils furent chargés de monter la garde dans le fournil. Il faisait un beau clair de lune. Bilz se tenait cache derrière une haie, ayant avec lui son chien de chasse et son lapin. Les valets